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Message du président

Sep 3, 2023
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C’est une joie de vous écrire en tant que président de la SCS et c’est pour moi un grand honneur de vous servir. Je salue d’ailleurs le travail considérable accompli par la présidente sortante, Irene Shankar, et son prédécesseur, Abdi Kazemipur.


L’année écoulée s’est déroulée à un rythme soutenu, avec un certain répit face à la pandémie de COVID-19. Le Congrès 2023 des sciences humaines et sociales a connu un grand succès. La SCS comptait plus de 1 000 personnes inscrites, soit environ 10 % de l’ensemble des inscrits au Congrès. Nous avons d’ailleurs été ravis d’y retrouver plusieurs d’entre vous. Quel changement par rapport aux deux années précédentes! Je crois que la pandémie nous a laissé au moins une chose positive : la valeur de l’interaction humaine. La technologie s’est avérée très utile en cas de besoin, mais rien ne vaut les contacts en personne. Félicitations à nos collègues de l’Université de York pour leur excellent travail.

C’est l’université McGill qui accueillera le congrès de 2024. J’ai, par ailleurs, eu l’occasion de participer au Congrès mondial de sociologie à Melbourne, en Australie, en tant que délégué aux réunions des associations nationales et à diverses élections. J’ai eu le plaisir de voir certains d’entre vous au Melbourne Convention Centre. Si vous n’êtes pas encore membre de l’Association internationale de sociologie, n’hésitez pas à vous impliquer dans cette association. Le prochain congrès mondial de sociologie aura lieu en Corée du Sud en 2027.

L’un de mes objectifs est de développer une plus large collaboration entre la SCS et les différentes associations nationales. J’ai eu le plaisir d’accepter une invitation de l’American Sociological Association (ASA) pour une table ronde sur l’interdisciplinarité et le rôle de notre discipline dans la lutte contre les inégalités. Je me réjouis de rejoindre la présidente de l’ASA, Prudence Carter (Brown University), la co-animatrice, Neda Maghbouleh (University of British Columbia) et d’autres collègues des États-Unis et du Brésil pour le premier panel lors de la conférence de l’ASA de cette année à Philadelphie. Nous continuerons à travailler au renforcement des liens avec les associations nationales d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et d’Europe.

Nous vivons une période critique de l’histoire de l’humanité. Au lendemain du meurtre de George Floyd, de nombreux groupes d’étudiants ont demandé que des mesures soient prises en faveur de l’EDID dans leurs universités. Je vous encourage tous à continuer à plaider en faveur d’un monde et d’un environnement de travail meilleurs. Comme je l’ai indiqué dans ma présentation à la SCS en octobre 2020, les sociologues se doivent de figurer à l’épicentre du mouvement mondial visant à éradiquer l’injustice sociale. L’engagement dans une telle entreprise n’est pas passager, éphémère ou un exercice de performativité rhétorique. Les différents départements, unités et facultés devraient envisager d’évaluer les politiques et les pratiques qui sous-tendent leurs choix en matière d’embauche, de promotion, d’augmentation au mérite, de nomination à des prix ou de prise de décision concernant les étudiants et les professeurs, et de nomination à des postes administratifs, entre autres. Continuons à ne pas fuir les questions difficiles et inconfortables.

Les départements de sociologie monolithiques ne devraient plus avoir cours. Cela se refléterait dans la combinaison des domaines d’expertise ainsi que dans la diversité ethno-raciale et de genre du corps enseignant et des étudiants. Les recrutements par cohorte gagnent du terrain au Canada. Après avoir été sceptique au début de ma carrière, j’ai compris l’immense valeur des recrutements par cohortes en siégeant à plusieurs comités de recrutement au fil des ans. Des recherches ont démontré que les comités d’embauche se reproduisent eux-mêmes (bien qu’ils ne soient pas généralement considérés comme des recrutements dits « de cohorte »). Les embauches de cohortes d’aujourd’hui constituent donc une intervention cruciale dans certains contextes. J’espère que nous parviendrons à un point où les recrutements de cohortes - l’ancien et le nouveau - ne seront plus nécessaires.


Il nous reste beaucoup à faire en ce qui concerne les sociologies de l’Asie, du Moyen-Orient, de l’Amérique latine et de l’Afrique. L’embauche de chercheurs spécialisés dans ces domaines enrichira nos programmes universitaires et permettra à nos étudiants de bénéficier d’une expérience mondiale plus solide et plus approfondie. J’encourage toutes les personnes ayant un pouvoir de décision dans les différents départements de sociologie et autres unités de nos universités à faire le point sur ces questions.


Je souhaite la bienvenue au président élu, Liam Swiss. Je promets de lui remettre la SCS en un seul morceau. Bienvenue à tous les membres du comité exécutif 2023/2024.


Enfin, je vous écris d’Allemagne, où je suis actuellement titulaire d’une bourse Alexander von Humboldt à l’université de Leipzig. Il y a quelques jours, j’ai visité le musée de la Stasi (Gedenkstätte Museum in der „Runden Ecke“), dans l’ancien ministère de la sécurité de l’État de la République démocratique allemande (RDA). On pourrait considérer le KGB comme son équivalent institutionnel et il a d’ailleurs supervisé les activités de la Stasi. La Stasi était incroyablement efficace à l’apogée de son pouvoir en RDA. Outre les disparitions, la torture et la mort, le modus operandi de la Stasi consistait à causer des ennuis personnels aux militants, aux étudiants contestataires, aux travailleurs et à divers dissidents. Certains de ceux qui ont vécu jusqu’à la fin de la RDA ont pu accéder à leurs dossiers et voir le lien entre leurs divers malheurs personnels et l’activité de l’État. La Stasi exerçait sur la population une surveillance à la fois de haute technologie et de proximité. En regardant les expositions et en écoutant les récits qui les accompagnent, je me suis souvenu du rôle démesuré de l’État et du pouvoir de la structure sociale dans la vie des gens. J’ai également pris conscience du pouvoir de l’individu. Une grande partie de la surveillance et des autres activités de la Stasi n’aurait pas pu être réalisée sans les complices volontaires et involontaires - citoyens ordinaires, voisins, fidèles de l’église, etc. Les yeux de la Stasi étaient partout, précisément parce que la majorité de ses espions étaient des gens ordinaires.

En tant que sociologues, nous avons raison de souligner l’importance de la structure sociale. Cependant, j’espère que nous ne négligeons pas ou ne sous-estimons pas l’importance du rôle de l’individu. Vous êtes important. Vous pouvez faire la différence dans votre sphère d’influence. Commencez dès aujourd’hui à initier des changements positifs, qu’ils vous concernent directement ou non. Rendez-vous à Montréal en 2024!

Temitope Oriola
3 August 2023
Leipzig, Germany.