Analyse des trajectoires et déterminants menant à la résidence permanente chez les travailleurs étrangers temporaires au Canada


Charles Fleury, Université Laval

Au cours des années 2000, la politique migratoire canadienne a donné lieu à des développements visant l’accroissement du recours aux travailleurs étrangers temporaires afin de parfaire l’arrimage entre la sélection des immigrants et les besoins du marché du travail et pallier les pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs (Piché, 2012). Ainsi, le nombre de travailleurs temporaires admis au Canada dépasse maintenant celui des résidents permanents admis la même année et ne cesse de croître d’année en année. Si les employeurs et les gouvernements voient d’un bon œil la capacité d’avoir recours à une main-d’œuvre étrangère flexible répondant à des besoins ciblés et à court terme, nombre de chercheurs et plusieurs organismes de protection des droits des travailleurs conçoivent les programmes de travail temporaire comme une source de précarité et de vulnérabilité (Noiseux, 2012; Faraday, 2014; Goldring et Landolt, 2013 ; Fleury et al., 2019). Il demeure qu’une part croissante de travailleurs étrangers temporaires obtiennent la résidence permanente au bout de quelques années (Lu et Hou, 2017). Selon les estimations de Picot et al. (2022), le taux de transition sur cinq ans vers la résidence permanente parmi les travailleurs étrangers temporaires est passé de 18% de ceux admis entre 2000 et 2004 à 25% pour ceux admis entre 2005 et 2009 et ceux admis entre 2010 et 2014. Pour ces trois cohortes, le taux de transition se situe autour de 30% chez les travailleurs peu qualifiés, alors qu’il s’est accru chez les travailleurs qualifiés, étant passé de 11% pour la cohorte arrivée entre 2000 et 2004 à 27% pour celle arrivée entre 2010 et 2014. On connait néanmoins très peu de choses sur les trajectoires menant à l’obtention de la résidence permanente parmi ces travailleurs étrangers temporaires. Quels sont les différentes trajectoires de statut menant à la résidence permanente parmi les résidents temporaires ? Outre les restrictions relatives aux programmes de résidents temporaires, quels facteurs favorisent l’obtention rapide de la résidence permanente et quels sont ceux qui semblent la retarder, voire l’empêcher ? Quelles formes d’inégalités ces facteurs révèlent-ils ? Cette communication entend répondre à ces interrogations et examine, pour ce faire, les trajectoires de statuts des travailleurs étrangers temporaires admis au Canada depuis 2006. Elle vise plus spécifiquement à repérer les différentes trajectoires menant à la résidence permanente et celles n’y menant pas, et à identifier les caractéristiques et déterminants de chacune d’elles. L’analyse s’appuie sur les données administratives longitudinales de la Base de données canadienne sur la dynamique employeurs-employés . Cette base de données de Statistique Canada combine des informations sur les résidents temporaires et les résidents permanents ainsi que sur leur activité sur le marché du travail. Nous recourrons à la méthode de l’analyse des séquences pour repérer les différentes trajectoires et aux méthodes de régression pour identifier les caractéristiques et déterminants de ces trajectoires.

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