Virgin or Whore?! Influences of the perception of socio-cultural representations on sexuality FARSAF


Audrey Charland, Université du Québec à Montréal

Malgré les progrès sociaux en matière d’égalité des droits, de reconnaissance des diversités et d’un souci grandissant d’inclusion des personnes issues de communautés marginalisées, la sexualité entre femmes demeure fortement investie de préjugés. Les femmes ayant des relations sexuelles avec d’autres femmes (FARSAF) se voient constamment confrontées à des discours à la fois contradictoires et empreints de divers types d’idées reçues héritées, entre autres, de l’Église catholique, des politiques morales et de la psychanalyse. Tantôt dépravées, idéalisées dans des dynamiques libertines, tantôt reléguées au domaine de l’affectivité intime sans potentiel érotique réel, ces femmes doivent naviguer au travers d’un contexte tendant vers la ré-invisibilisation de leurs attirances homoérotiques, délégitimant toute tentative d’identification à ces dernières. À l’ère d’un déploiement techno-médiatique à grande échelle, les représentations de la sexualité FARSAF restent largement confinées dans une sous-culture d’initiées, celles fusant dans les courants davantage _mainstream_ tendant à réifier les archétypes et les stéréotypes associés, d’une part, aux lesbiennes et, d’autre part, au sexe entre femmes.   Dans le cadre de cette communication, l’auteur.e présente les résultats préliminaires de son enquête terrain, menée entre octobre et décembre 2022 auprès de 23 personnes s’identifiant comme FARSAF, enquête réalisée dans le cadre dun doctorat en sociologie, sous la direction de Chiara Piazzesi. Les données collectées, transcrites et codifiées ont été analysées grâce à une approche croisant la théorie des représentations sociales de Moscovici, de même que le modèle des scripts sexuels de Simon et Gagnon, sur une trame de fond féministe intersectionnelle. Parmi les premiers constats discutés, l’auteur.e relève une série d’impacts majeurs, tant individuels que collectifs, face à la rareté des modèles et l’absence de transmission de scripts propres à la sexualité saphique. Des lacunes majeures, en regard de la pauvreté de l’éducation à la sexualité, et ce, toute génération confondue, questionnent en ce qui a trait à la pleine accessibilité à un éventail d’informations de qualité concernant l’éveil à l’érotisme (et l’auto-érotisme), les notions de consentement, de désir, de plaisir, de même que la légitimation de la diversité sexuelle et de genre. Par le biais d’essais et d’erreurs, les participantes ont réussi à coconstruire, avec leurs partenaires, un univers sexuel, sensuel et érotique unique, d’abord orienté sur un mode exploratoire des envies mutuelles.   Brisant un à un les mythes entourant la sexualité FARSAF, l’union de leurs voix apporte des nuances significatives aux études et recherches déjà menées sur ce groupe populationnel dont les témoignages furent, pendant trop longtemps, niés ou ignorés. Au cours d’entretiens semi-dirigés, elles ont explicité en détails, avec sensibilité, et parfois gêne, les expériences et apprentissages « sur le tas » qui ont forgé leur vision des rapports sexuels et de l’intimité, à défaut d’avoir eu, plus souvent qu’autrement, des personnes avec qui en discuter, des figures positives à qui s’identifier, des webséries pour alimenter leur imaginaire, des forums de semblables avec qui échanger.

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