(GAS4a) Observing intimacy and its conceptions: assessing/describing contemporary intimate relationship(S)

Tuesday Jun 18 1:30 pm to 3:00 pm (Eastern Daylight Time)
Trottier Building - ENGTR 2100

Session Code: GAS4a
Session Format: Paper Presentations
Session Language: English and French
Research Cluster Affiliation: Gender and Sexuality
Session Categories: Bilingual, In-person Session

This session intends to spotlight sociological research on contemporary forms of intimate relationships, with regard to their multiple dimensions (love feelings, sexuality, conjugality, domesticity). Its general purpose is to promote the study of intimacy as a specific field of research independent from - and yet connected to - the fields of family sociology and sexualities studies. To document and analyze the plurality of intimacy forms and create a space for debates dealing with this sociological object: the presentations will address conceptions, representations, and practices of intimacy, both empirically and theoretically. Tags: Feminism, Gender, Sexuality

Organizers: Lamia Djemoui, Université du Québec à Montréal, Noé Klein, Université du Québec à Montréal, Mario Marotta, Université du Québec à Montréal, Félix Dusseau, Université du Québec à Montréal; Chairs: Lamia Djemoui, Université du Québec à Montréal, Noé Klein, Université du Québec à Montréal

Presentations

Jules Pector-Lallemand, Université de Montréal

Towards a sociology of the magic of love (love magic)

Les nouvelles formes de relations intimes que peut exprimenter la jeunesse (couples ouverts ou non cohabitants, polyamour, relations sexuelles sans engagement) font grand bruit. Comment observer sociologiquement les liens sociaux intimes de la jeunesse afin de dpasser les lieux communs? Par dfinition, l'intimit ne se donne pas voir; rpondre cette question est donc un grand dfi mthodologique. Dans le cadre d'une enqute sur les relations amoureuses de la jeunesse (18-35 ans) urbaine et scolarise de Montral et de Paris, je tente d'offrir des rponses ce problme mthodologique. Se donner les moyens d'tudier l'intimit au plus prs des pratiques permet de poser des diagnostics beaucoup plus fins que les sentences pessimistes et empiriquement non fonds selon lesquels les jeunes sont aujourd'hui trop individualistes pour former des relations amoureuses durables (Bauman 2014; Regnerus 2017; Illouz 2020; Denby et Van Hooff 2023). Comment je procde? 1) D'abord, je mne une ethnographie dans un bar o se droulent de nombreux rendez-vous galants. Comme plongeur dans une cuisine ouverte, j'occupe un point de vue panoramique idal pour observer le flirt en public (Simmel 1988; Tavory 2009) et les cadres communs de la rencontre rotique. 2) Ensuite, j'organise plusieurs types d'entretiens, qui me servent de scnes d'observation (Beaud 1996). A) Je discute avec des utilisateur.rice.s d'applications de rencontre pendant qu'ils sont en train de swiper. Cela me permet de cerner les stratgies petites chelles que les acteur.rice.s mettent en placent pour rsister la marchandisation de la rencontre. B) Je rencontre des groupes de pairs et leur demande de me raconter les derniers ragots concernant la vie amoureuse de leurs proches. L'tude des potins rvle l'existence des normes implicites (Elias et Scotson 1997) qui encadrent les relations amoureuses. C) J'interroge des couples sur leur rencontre et leur quotidien (Kaufmann 1992) non seulement pour cerner les contours de leur mythologie conjugale, mais aussi pour observer leur dynamique relationnelle. Dans cette prsentation, je proposerai donc des outils mthodologiques pour tudier les relations intimes des jeunes. Je soumettrai galement l'hypothse prliminaire de mon enqute : les prtendues phobies de l'engagement (Illouz 2012; Denby et Van Hooff 2023) qu'expriment parfois les jeunes ne sont pas des obstacles infranchissables, mais les prmisses habituelles du rcit amoureux. C'est en surmontant ses angoisses que l'on prouve, l'autre et soi-mme, la vrit de ses sentiments. L'amour est magique, car il transforme les points de vue.

Chiara Piazzesi, Université du Québec à Montréal

Love and Intimacy in Canada: a latent profile analysis of conceptions of intimacy endorsed by Canadians

Love relationships have undergone important transformations in recent decades, but we still know very little concerning if and how people’s ideas and values regarding intimate relationships have changed on matters such as the place of love in a relationship, the meaning of commitment, the importance of sexual and affective exclusivity, and so on. This knowledge gap is crucial for scholarship, but also for counseling, general awareness, and policymaking. Our paper will present results from the MACLIC project (Mapping Contemporary Love and Intimacy Ideals in Canada), whose main objective is to document attitudes towards traditional and non-traditional conceptions of intimacy among the Canadian general population. After collecting data through a pan-Canadian online survey, we conducted a latent profile analysis (N=3313) using four indicators to measure the endorsement of traditional and modern conceptions of intimacy. Our model consists in five profiles (“All-In Modern”, “Mostly Modern”, “Cautiously Modern”, “Reasonably Romantic” and “All-In Romantic”), situated on a spectrum going from very modern to very traditional conceptions of intimacy. We will present the model, describe and interpret how the five profiles differ with regard to the indicators, illustrate the sociodemographic correlates for each profile, and discuss the significance and implications of our findings.


Non-presenting author: Martin Blais, Université du Québec à Montréal

Noé Klein, Université du Québec à Montréal

One swipe after another: an exploration of the use of dating technologies in intimate paths

On estime que près de 30 % des personnes hétérosexuelles ont déjà utilisé un site ou une application de rencontre, et ce chiffre atteint les 55 % pour la population LGBTQ+ (Anderson et al., 2020). Les technologies de rencontre en ligne se sont rapidement imposées, allant détrôner le milieu de travail et les réseaux de connaissance comme lieu de rencontre privilégié (Rosenfeld et al., 2019). Cette place remarquable qu’occupent les technologies de rencontre canalise inévitablement les interrogations concernant les éventuelles transformations de l’intimité contemporaines. Des critiques provenant à la fois des milieux académiques et des médias relèvent le caractère commercial de ces plateformes, détenues par des compagnies privées qui privilégieraient la marchandisation de données des personnes utilisatrices au fait de permettre la formation de nouvelles relations via ces services (Heino et al., 2010 ; Narr, 2022). Les sites et applications de rencontre (SAR) sont alors perçus comme l’incarnation de l’affaiblissement des liens sociaux et intimes, associé à une supposée peur de l’engagement (Illouz, 2020). La tendance à rendre les rencontres toujours plus simples et rapides, en fonction de critères précis dans un bassin de partenaires potentiel·le·s pratiquement infini est vu comme un contexte défavorable au développement de relations intimes authentiques et durables, favorisant davantage la sexualité occasionnelle. Des observations vont montrer qu’au contraire l’utilisation des SAR est loin d’être systématiquement associée à la recherche de rencontres sans engagement. Les personnes utilisatrices de ces plateformes de rencontre vont pour la majorité rechercher des partenaires de relation romantique, et continuer à se référer aux repères romantiques traditionnels au fil des échanges (Portolan et McAlister, 2021). Les fonctionnalités offertes par les plateformes de rencontre en ligne offrent toutefois un contexte spécifique, qui permet de contourner certaines conventions des rencontres en personnes, facilitant les configurations relationnelles alternatives en exposant plus frontalement les attentes personnelles que l’on peut avoir en matière d’intimité (Hobbs et al., 2017). La communication proposée consiste en la présentation d’une recherche sur l’inscription des SAR dans les parcours intimes de personnes hétérosexuelles ayant entre 25 et 35 ans. Afin de dépasser des positions parfois polarisées, l’approche utilisée repose sur la considération que l’intimité moderne n’est pas passée d’une conception romantique traditionnelle à une conception moderne partenariale, mais que différents idéaux coexistent et s’inscrivent sur un spectre continu (Piazzesi et al., 2018, 2020). Plutôt que de considérer une éventuelle influence unilatérale des technologies de rencontre sur la vie intime des individus, cette recherche s’intéresse à la manière dont ces individus négocient leur rapport aux SAR dans leurs parcours personnels en fonction de leur conception de l’intimité. Ainsi, trois dimensions principales structurent l’analyse proposée : 1) l’influence des conceptions de l’intimité sur l’utilisation des SAR ; 2) l’intégration de l’utilisation des SAR au parcours intime individuel ; 3) l’influence de l’utilisation des SAR sur les conceptions de l’intimité. La perspective relationnelle processuelle a été choisie pour articuler ces différentes dimensions au cours d’une enquête qualitative longitudinale effectuée auprès de 20 personnes utilisatrices de SAR. Cette approche théorique permet d’étudier le déploiement des dynamiques sociales dans des rapports d’interdépendance entre différentes entités. Ainsi sont considérées les dynamiques relationnelles existantes entre les personnes utilisatrices de SAR, mais aussi le rapport que ces personnes développent avec les plateformes elles-mêmes. En proposant certaines fonctionnalités, les technologies peuvent orienter les interactions possibles, mais l’utilisation d’outils numérique est toujours propice à des détournements et des ajustements en vue de combler des objectifs personnels (Jauréguiberry, 2015). Cette approche choisie dépasse les simplifications critiques, ouvrant la voie à une compréhension plus profonde des implications théoriques et méthodologiques de la place complexe qu’occupent les sites et applications de rencontre dans l’intimité contemporaine.

Emma Brion, University of McGill

Doing polyamory 'right': boundary work on hierarchical practices in the r/polyamory subreddit

The possibility of having more than one romantic relationship in polyamorous practice introduces the potential for hierarchy between relations. In this regard, two approaches arise in discussions of the practice of polyamory: hierarchical and non-hierarchical polyamory. In hierarchical polyamory, an individual has one primary partner with whom they are generally highly entangled and who takes precedence over secondary or tertiary partners. However, non-hierarchical polyamorists refuse such ranking of partners. By many accounts, hierarchy is a new challenge which potentially conflicts with democratic ideals of intimacy and the feminist origins of the polyamorous movement. While academic literature identifies hierarchy as a debated issue, the extent of current academic attention on the topic consists of quantitative studies investigating its effect on relationship quality. I contribute to the body of literature on polyamory and boundary work by qualitatively analyzing the community’s definitional struggles on hierarchy.   Using qualitative discourse analysis methodology, I analyze forum interactions on a subreddit dedicated to polyamory (r/polyamory). This forum is the largest subreddit dedicated to polyamory with over 300,000 subscribers and high community engagement. R/polyamory data was retrieved using pushift.io from January to February 2023 (the latest available data at the time of sampling). A random subsample of threads containing the keyword ‘hierarch*’ yielded a sample of 1012 comments spanning 51 different threads. Through this analysis, I interrogate how the concept of hierarchy is conceptualized by the polyamorous community, how community members draw from hierarchy in their boundary work on the differences between ‘good’ and ‘bad’ polyamorous practice as well as how the greater constraints of living in a mononormative society impacts how they view hierarchy and non-hierarchy.   Preliminary findings include that hierarchy is defined in terms of one partner having priority rather than power over other partners. The practice also related both to the hierarchy created by individuals involved in a relationship as well as the existence of mononormative institutions, which give greater importance to certain partners over others. In this regard, partners being married is construed as de facto hierarchy since marriage affords more legal rights to spouses than non-spouses. I also found that while hierarchy is often identified as a topic of debate, most of the commentors’ attitudes regarding the practice are neutral, pointing to nuanced attitudes in the r/polyamory community regarding hierarchy. Rather, it appears that through their online interactions, community members are constructing boundaries between ‘good’ and ‘bad’ hierarchy, and construct norms about how to practice it ethically. First, if one is in a hierarchical relationship, they should clearly preface that hierarchy to new partners so that they can give enlightened consent about entering a relationship. Second, people in a hierarchical structure may choose to dismantle or minimize their hierarchy. An example of such dismantling may be to seek a divorce to equalize legal rights between partners. Lastly, if one wishes to keep their hierarchical structure, they may be advised to seek partners who themselves are hierarchical resulting relationship structure seen as more stable.   This research expands sociological understandings of changing intimacy norms and boundaries in non-normative romantic practices by analyzing discussions and debates surrounding the hierarchy between partners. I identify how hierarchy is conceptualized by the polyamorous community as well as how it is used in making the difference between ‘real’ and ‘right’ practices as opposed to ‘fake’ or unethical ones. I also explore how mononormative norms constrain discourse on this topic.

Audrey Charland, Université du Québec à Montréal

Virgin or Whore?! Influences of the perception of socio-cultural representations on sexuality FARSAF

Malgré les progrès sociaux en matière d’égalité des droits, de reconnaissance des diversités et d’un souci grandissant d’inclusion des personnes issues de communautés marginalisées, la sexualité entre femmes demeure fortement investie de préjugés. Les femmes ayant des relations sexuelles avec d’autres femmes (FARSAF) se voient constamment confrontées à des discours à la fois contradictoires et empreints de divers types d’idées reçues héritées, entre autres, de l’Église catholique, des politiques morales et de la psychanalyse. Tantôt dépravées, idéalisées dans des dynamiques libertines, tantôt reléguées au domaine de l’affectivité intime sans potentiel érotique réel, ces femmes doivent naviguer au travers d’un contexte tendant vers la ré-invisibilisation de leurs attirances homoérotiques, délégitimant toute tentative d’identification à ces dernières. À l’ère d’un déploiement techno-médiatique à grande échelle, les représentations de la sexualité FARSAF restent largement confinées dans une sous-culture d’initiées, celles fusant dans les courants davantage _mainstream_ tendant à réifier les archétypes et les stéréotypes associés, d’une part, aux lesbiennes et, d’autre part, au sexe entre femmes.   Dans le cadre de cette communication, l’auteur.e présente les résultats préliminaires de son enquête terrain, menée entre octobre et décembre 2022 auprès de 23 personnes s’identifiant comme FARSAF, enquête réalisée dans le cadre dun doctorat en sociologie, sous la direction de Chiara Piazzesi. Les données collectées, transcrites et codifiées ont été analysées grâce à une approche croisant la théorie des représentations sociales de Moscovici, de même que le modèle des scripts sexuels de Simon et Gagnon, sur une trame de fond féministe intersectionnelle. Parmi les premiers constats discutés, l’auteur.e relève une série d’impacts majeurs, tant individuels que collectifs, face à la rareté des modèles et l’absence de transmission de scripts propres à la sexualité saphique. Des lacunes majeures, en regard de la pauvreté de l’éducation à la sexualité, et ce, toute génération confondue, questionnent en ce qui a trait à la pleine accessibilité à un éventail d’informations de qualité concernant l’éveil à l’érotisme (et l’auto-érotisme), les notions de consentement, de désir, de plaisir, de même que la légitimation de la diversité sexuelle et de genre. Par le biais d’essais et d’erreurs, les participantes ont réussi à coconstruire, avec leurs partenaires, un univers sexuel, sensuel et érotique unique, d’abord orienté sur un mode exploratoire des envies mutuelles.   Brisant un à un les mythes entourant la sexualité FARSAF, l’union de leurs voix apporte des nuances significatives aux études et recherches déjà menées sur ce groupe populationnel dont les témoignages furent, pendant trop longtemps, niés ou ignorés. Au cours d’entretiens semi-dirigés, elles ont explicité en détails, avec sensibilité, et parfois gêne, les expériences et apprentissages « sur le tas » qui ont forgé leur vision des rapports sexuels et de l’intimité, à défaut d’avoir eu, plus souvent qu’autrement, des personnes avec qui en discuter, des figures positives à qui s’identifier, des webséries pour alimenter leur imaginaire, des forums de semblables avec qui échanger.